ECTS
4,5 crédits
Composante
Sciences sociales et administration
Volume horaire
42h
Période de l'année
Enseignement second semestre
Description
L’emboîtement scalaires des limites administratives, du territoire, (communal, privé ou collectif) à la Région (qu’elle soit, à son tour administrative ou fonctionnelle) puis à l’État (centralisé ou fédéral) et au delà (Unions douanières, Régions militaires, Empires capitalistes…) pose un double défi au géographe, puisqu’il est à la fois un objet d’étude particulier (géographie politique, géopolitique, géographie culturelle) et le cadre de toute analyse en sciences humaines, puisque la taille, la forme et le nombre des circonscriptions choisies détermine la lisibilité, la qualité voire l’orientation des cartes statistiques qui justifient et guident les politiques d’aménagement du territoire.
Le cours États Régions Territoires se propose trois directions principales de réflexions. D’une part, et c’est essentiellement la fonction des cours magistraux, il s’agit d’une réflexion épistémologique sur la nature particulière que la société entretient avec son environnement que chaque mode d’appropriation collective exprime et révèle. Le « territoire » occupe la croisée des chemins entre le terroir et la terreur de la Loi qui l’organise. La « région » repose sur une relation particulière entre un Peuple, son Roi et le sol qui les nourrit. L’ « État » se présente comme une transcendance par rapport aux éphémères dynasties humaines, seul garante de la rectitude et de la pérennité (sto-sta-stare) des institutions. La Famille, le Peuple, la Nation : le corps social voire mystique est autant le constructeur que le produit de cette transformation et de cette imbrication permanente entre les différents niveaux de cohésion et les légitimités variables de la violence qu’ils exercent sur ses membres.
Les concepts fondamentaux de la géopolitique seront étudiés dans un second temps : les frontières, Méditerranées, Rio Grande, la Guerre et la Paix et leurs traductions spatiales selon les cultures et les religions (concepts de Douar al Salam et de douar al Djihad dans le Califat), et surtout la Géopolitique elle-même, outil et véhicule d’une idéologie et d’une stratégie de lutte contre l’impérialisme et la mondialisation.
Par ailleurs, les TD seront l’occasion de réfléchir sur les traductions graphiques de ces différents modes d’appropriation collective de l’espace. Les cartographies sonores ou dansées des « song lines » aborigènes (Bruce Chatwin, Lézy), l’apparition des premières cartes cadastrales au Néolithique (Christian Jacob), les cartes en TO médiévales permettront de comprendre l’organisation et la symbolique de l’Empire, les mystères des cartographies arabes (Piri reis, Charles Hapgood)… seront abordés et donneront lieu à des exercices pratiques permettant de découvrir les fondements de la sémiologie graphique.
Enfin, un troisième volet de ce cours repose sur l’exploration des grandes fractures géopolitiques et des enjeux actuels des conflits en cours. Des exposés d’étudiants permettront de souligner la diversité de l’intrication entre les trois notions d’ États, de Régions et de Territoires selon les lieux et les échelles envisagées.
Objectifs
Ce cours se fixe trois objectifs fondamentaux.
La culture géographique de l’étudiant doit être à la fois renforcée, élargie par la mémorisation et la localisation dans l’espace et dans le temps d’un très grand nombre de phénomènes et d’acteurs et simplifiée par la compréhension des mécanismes généraux qui régissent les relations économiques et politiques sur Terre (modélisation, chorématique).
Une réflexion solide et neuve sur les concepts essentiels et les cadres mentaux qui organisent notre vision du Monde est nécessaire à la compréhension des enseignements que l’étudiant recevra pendant ses trois années de L, que ce soit en Histoire, en Géographie ou en Sciences Sociales.
Enfin, l’étendue et la complexité du sujet étudié implique une grande rigueur dans la méthodologie de l’exposition. La même méthode (Lézy) est proposée pour la dissertation, l’exposé oral et le croquis de synthèse : le point (identification des phénomènes), le trait (explication du phénomène), la surface (typologie, résultat variable du phénomène). Bien intégrée, cette méthodologie constitue aussi un acquis important que l’étudiant pourra mettre à profit jusqu’au doctorat.
Évaluation
Une note portant sur les exercices réalisés en TD (50%) et une note en travail limité portant sur le cours (50 %)
Heures d'enseignement
- CMCM18h
- TDTD24h
Contrôle des connaissances
Le mode d’évaluation proposé tente de répondre à la diversité des compétences et des intérêts des étudiants de première année. En TD, une dissertation sur table permettra de travailler la maîtrise du temps et de chronométrer sa rédaction. La correction de l’exercice est détaillée et constitue une aide personnalisée à la rédaction. Un travail maison est aussi obligatoire sur un thème commun fourni au début de l’année et sur lequel l’étudiant travaille tout au long du semestre. Les étudiants ont la possibilité de présenter un exposé oral de 20 mn sur un sujet choisi avec l’enseignant. D’autres travaux réalisés en cours (croquis, plans détaillés, cartes muettes) pourront aussi faire l’objet d’une notation. Enfin, l’étudiant a la possibilité, à chaque séance, de rendre un travail personnel (carte, dissertation, présentation Power Point) sur un sujet traité en cours. L’étudiant est donc libre du nombre des travaux sur lesquels il pourra être évalué en td. La note de td compte pour moitié dans la note finale, l’autre moitié étant fournie par la note de l’examen qui sera une dissertation rédigée en deux heures.
Compétences visées
Les Compétences visées sont à la fois scientifiques par la découverte des textes des Géographes, des Historiens et des Anthropologues qui ont étudié le rapport entre l’Homme et la Terre de façon théorique (E. Reclus, E. Dardel, M. Sorre, J. Gottmann, P. Gourou, F. Braudel, P. Descola, Y. Lacoste)… et technique, par l’apprentissage des codes de la sémiologie graphique, l’entrainement à la dissertation et à la présentation orale. Le développement de l’esprit critique passe par l’apprentissage du décryptage d’un texte, d’un tableau statistique, d’un dessin satirique ou d’une vidéo…
Bibliographie
Géopolitique-géographie politique :
-Amaël Cattaruzza, 2014, Atlas des guerres et des conflits, Autrement
-Régis Debray, 2013, Eloge des Frontières, Paris, Folio
-Michel Foucher, 1986, L’invention des frontières, Paris, Fondation pour les Etudes de Défense Nationale
-Michel Foucher, Fronts et frontières, un tour du monde géopolitique, Fayard, 1991
-Yves Lacoste, 1976, La Géographie, ça sert d’abord à faire la guerre, Paris, Maspéro
-Yves Lacoste, 2006, Géopolitique, la longue histoire d’aujourd’hui, Paris, Larousse
-Yves Lacoste, 2007, Atlas géopolitique, pour comprendre le monde de demain, Paris, Larousse
-Emmanuel Lézy, 2000, Guyanes, Guyane, une géographie sauvage de l’Orénoque à l’Amazone. Paris, Ed. Belin, coll. Mappemonde.
-Nicolas Machiavel, 1991, L’art de la guerre, Paris GF-Flammarion
-Nicolas Machiavel, 2007, le Prince, Folio Classique
-Alfred Mahan, 1890, The influence of sea power upon history, 1660-1783, Boston (trad. 1899, Influence de la puissance maritime dans l'histoire, 1660-1783, Paris).
-Pierre Royer, 2012, Géopolitique des mers et des océans, Paris PUF
-Gene Sharp: 2011, From Dictatorship to democracy, London, Serpent tails
-Fabrice Weissman (dir.) 2003, A l’ombre des guerres justes, Paris Flammarion
Ouvrage généraux sur l’État
-Anne Marie Thiesse, 2001, La création des identités nationales Europe XVIII°-XIX° siècle, Point Histoire
-Pierre Bourdieu 2014, Langage et pouvoir symbolique, Paris Point Essais
- Pierre Clastres, 1974, La société contre l’Etat. Paris, Editions de Minuit.
-Régis Debray, 1991, cours de médiologie générale, Paris NRF
-Régis Debray, 2007, Un mythe contemporain: le dialogue des civilisations, CNRS éd.
-Pierre Hilard, 2005, La decomposition des nations européennes, de l’union euro-atlantique à l’État mondial
-Pierre Leroy-Beaulieu, 1889, L’État moderne et ses fonctions, Essai
- Denis Richet, 1973, La France moderne : l’esprit des institutions, coll Champs, Flammarion
-Todd (Emmanuel), 1996, L’invention de l’Europe, Point Essais
-Yuri Slezkine Le Siècle Juif, 2009
Territoires amérindiens :
-CLASTRES (Pierre),Chronique des Indiens Guayaki (Terre humaine, Plon, 1972)
-CLASTRES (Pierre),-Archéologie de la violence ; la guerre dans les sociétés primitives (l’aube, Poche Essai, 1999)
-CHATWIN (Bruce), 1988, Le chant des pistes. Paris, coll. Le livre de poche, Grasset
-Descola (Philippe):
-Les lances du Crépuscule (Terre humaine, Plon, 1993)
-La nature domestique, symbolisme et praxis dans l’écologie des Achuar, (MSH, 1986)
-WHITEHEAD (Niel L.), 2002, Dark shamans, Kanaimá and the poetics of violent death. Duke university Press, Durham and London.
-WHITEHEAD (Niel), 2001, Kanaimá : shamanism and ritual death in the Pakaraima mountains, Guyana, in Beyond the visible and the material, ed. Laura Riavl et Niel Whitehead, Oxford, Oxford University Press.
Mafias
-Jean François Gayraud, 2008, Le monde des mafias, géopolitique du crime organisé, Odile Jacob, poches
Romans
-Aldous Huxley, 2002, Le meilleur des mondes, Pocket
-Maurice G. Dantec, 1999, Babylon Babies, Gallimard, La Noire
-Georges Orwell, 1984, 1984, Paris Folio
- Georges Orwell, 1984, La ferme des animaux, Paris Folio
-Hermann Melville (1° éd. 1851), Moby Dyck
-Rudyard Kipling, 1909, Kim (Paris, Folio Classique, 2005)
Ressources pédagogiques
La Géographie politique est une science de l’immédiat, du quotidien. L’étudiant devra faire preuve d’ouverture d’esprit, de curiosité et de distance pour tirer le maximum de profit des sources disponibles tant dans les médias classiques (Radio-Télévision-Journaux) que sur Internet. Le cinéma, la littérature, la musique sont des dimensions essentielles de la géopolitique et pourront être intégrés aussi bien dans nos présentations que dans celles des étudiants.