Protohistoire des sociétés européennes

CM :

Si une définition de la « Préhistoire » de l’humanité semble (au premier regard) suffisamment simple, à savoir tout ce qui se passe avant l’« Histoire », les choses se compliquent quand on s’interroge sur la charnière entre ces périodes – comment devrait-on tracer une limite ? L’invention de l’écriture ? La naissance des états ? L’invention de la métallurgie ? La sédentarisation ou la domestication des plantes ou des animaux ? Tracer cette ligne reste compliqué, car ces transformations sociétales n’apparaissent pas une, mais plusieurs fois au cours de l’histoire de l’humanité, et même à des endroits disparates. Nous n’allons pas répondre directement à cette question lors des cours magistraux, mais nous l’affronterons indirectement via un examen approfondi de cette période charnière entre Préhistoire et Histoire, la « Protohistoire », surtout dans l’Europe et les régions avoisinantes. Nous emploierons une définition élargie de cette période charnière, l’étendant au début du Néolithique, afin d’examiner les origines de plusieurs aspects qui semblent toujours caractériser nos sociétés actuelles : la sédentarité, l’élevage et l’agriculture, la religion, la hiérarchie sociale, la guerre, ou encore la domination masculine.

TD :

La Préhistoire est très longue par rapport à la Protohistoire, mais cette dernière est très dense en données grâce à une meilleure conservation des vestiges archéologiques. Les spécialistes travaillant sur ces périodes plus récentes emploient certaines méthodes partagées avec les archéologues qui travaillent sur la Préhistoire, mais plusieurs nouveautés caractérisent la Protohistoire (céramique, métallurgie, etc.) et nécessitent de nouvelles approches méthodologiques. De même, cette meilleure conservation des vestiges archéologiques pendant la Protohistoire permet d’aborder des questions plus difficilement explorables pendant les périodes anciennes. Lors des travaux dirigés, vous allez affronter directement cette densité de données et préservation parfois époustouflante des vestiges à travers des études de cas approfondies, à savoir de véritables exemples des phénomènes discutés en cours magistral. Les nouvelles méthodes et thématiques de recherche qui caractérisent l’étude de cette période charnière entre le passé lointain et la société actuelle seront également abordées.

Texte principal :

Demoule, J.-P. – 2017. « Les Dix Millénaires oubliés qui ont fait l’Histoire : Quand on inventa l’agriculture, la guerre et les chefs ». Paris : Fayard.

Pour approfondir (textes complémentaires non obligatoires) :

Demoule, J.-P. (dir.) – 2007. « La révolution néolithique en France ». Paris : La Découverte.

Carozza, L., Marcigny, C. – 2007. « L’âge du Bronze en France ». Paris : La Découverte.

Brun, P., Ruby, P. – 2008. « L’âge du Fer en France : Premières villes, premiers États celtiques ». Paris : La Découverte.

Godelier, M. – 2007. Comment des groupes humains se constituent en société. In M. Godelier « Au fondements des sociétés humaines », chapitre 6. Paris : Albin Michel.

Sahlins, M. – 1976. « Âge de pierre, âge d’abondance : l’économie des sociétés primitives ». Paris : Gallimard.

Guilaine, J. – 2015. « La seconde naissance de l’homme : le Néolithique ». Paris : O. Jacob.

Guilaine, J. – 2017. « Les chemins de la Protohistoire : quand l’occident s’éveillait (7000-2000 avant notre ère) ». Paris : O. Jacob.

Augereau, A. – 2021. « Femmes néolithiques : le genre dans les premières sociétés agricoles ». Paris : CNRS éditions.

Demoule, J.-P. – 2014. « Mais où sont passés les Indo-Européens ? Le mythe d’origine de l’Occident ». Paris : Éditions du seuil.

Lehoërff, A. – 2016. « Préhistoires d’Europe : de Néandertal à Vercingétorix, 40 000 – 52 avant notre ère ». Paris : Éditions Belin.