Théories des formes visuelles et sonores 1

Il ne s’agira pas ici de faire la philosophie du cinéma, mais de penser avec le cinéma, c’est-à-dire de voir comment on peut aborder certaines grandes questions en passant par la manière dont le cinéma les réfléchit.

L’actualité est à l’urgence écologique : tous les aspects de notre vie sont désormais sommés de réfléchir ce qu’impliquerait, pour chacun, une transformation de nos manières d’agir permettant de les inscrire dans les « limites planétaires » au-delà desquelles leur continuation dans l’avenir devient improbable. Ce cours a pour ambition de poser cette question à l’art audiovisuel issu du cinéma.

Que signifierait la transition écologique dans ce domaine ? Comment le cinéma nous aide-t-il (ou au contraire nous entrave-t-il) au regard de cette exigence civilisationnelle ? Cela implique deux types de questions.

Premièrement, avoir une meilleure notion de ce que le cinéma pèse sur la Terre : quelle est son empreinte carbone ? Comment s’insère-t-il dans les chaînes terrestres ? Une approche matérialiste du cinéma n’est plus seulement économique, sociologique ou politique : elle est aussi écologique.

Deuxièmement, comment les films réalisés nous aident-ils à comprendre notre condition terrestre ? Bazin soutenait que le cinéma était cosmocentré, alors que le théâtre était anthropocentré. Cela semble le rendre particulièrement ajusté à une esthétique de la terrestrialité. Est-ce vraiment le cas ? Quels films, dans l’histoire du cinéma, nous permettent d’avoir une meilleure compréhension de notre condition terrestre, c’est-à-dire du fait que nous ne sommes pas des agents libres posés sur une planète inerte, mais des terrestres qui contribuent à fabriquer l’environnement même dont nous dépendons ?

Le séminaire proposera aux étudiant.e.s une enquête collective. Il s’agira de mettre en commun nos savoirs, notre culture et nos expériences pour mieux comprendre comment faire revenir le cinéma sur Terre.

Le séminaire a pour objectif de contribuer à la formation des étudiants à la recherche en études cinématographique et audiovisuelles, à partir du travail conduit par l’enseignant-chercheur. Plus spécifiquement, il s’agit ici de développer : les capacités de conceptualisation (création et usage des concepts), les capacités d’analyse d’objets visuels, les capacités à croiser et mettre en œuvre des savoirs attachés à des domaines scientifiques distincts (pour l’essentiel ici, la philosophie, la sémiologie des images, l’anthropologie de la modernité, les sciences de la vie et de la Terre, et bien sûr les études filmiques), une disponibilité d’esprit critique à l’égard de la réalité matérielle dans laquelle les pratiques audiovisuelles se déploient.

M3C en 2 sessions

• Régime standard (1 seule note 100%): dossier à rendre
• Régime dérogatoire session 1 (1 seule note 100%) : dossier à rendre
• Session 2 dite de rattrapage (1 seule note 100%) : dossier à rendre

- Connaissances approfondies en études cinématographiques : maîtrise de l’histoire, des théories, et de l’esthétique du cinéma sous ses différentes formes (fiction, documentaire, expérimental, cinéma anthropologique, film d’animation), depuis le pré-cinéma jusqu’aux formes contemporaines des réalisations en numérique.

- Solide culture générale dans les domaines de la philosophie, de l’histoire et des théories de l’art, de la mise en scène, des études visuelles et intermédiales, de la mise en valeur des patrimoines de l’image et du son (cinéma et télévision), des créations contemporaines dans lesquelles les images en mouvement (vidéo, cinéma) tiennent une place majeure.

- Capacité à formuler une problématique originale, à identifier et sélectionner des sources pour documenter un sujet, à développer une argumentation avec un esprit critique, à rédiger un mémoire combinant analyses d’images et éléments de théorisation.

- Maîtrise de l’expression écrite et orale en langue française.

Capacités de problématisation et d’élaboration théorique ; capacité à analyser des objets filmiques ; capacité à mobiliser puis à articuler des savoirs issus des domaines de la philosophie, de la sociologie, de l’anthropologie, des études cinématographiques et de l’histoire des représentations ; capacité à réfléchir de manière pluridisciplinaire.

Plus généralement, connaissances en matière d’écologie de la production audiovisuelle et capacités à produire un discours critique renouvelé par rapport aux grammaires du discours critique en matière audiovisuelle hérité du XXe siècle.

André Bazin, « Théâtre et cinéma » (1951) (in Qu’est-ce que le cinéma ? Paris, Cerf, « 7art », 1985, pp. 129-178).

W. Benjamin, « L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique », trad. Maurice de Gandillac, Paris, Gallimard-Folio, 1971

Dipesh Chakrabarty, The Climate of History in a Planetary Age, Chicago, The University of Chicago Press, 2021

Bruno Latour, Où suis-je ?, Paris, La Découverte, 2021.

Patrice Maniglier, Le Philosophe, la Terre et le virus, Bruno Latour expliqué par l’actualité, Paris, Les Liens qui Libèrent, 2021.

- Démolition d’un mur, Louis Lumière, 1896

- The Navigator, Buster Keaton, 1924, et passim

- L’Année dernière à Marienbad, Alain Resnais, 1961

- Torre Bela, Thomas Harlan, 1975

- Ceddo, Ousmane Sembène, 1977

- In girum imus nocte et consumimur igni, Guy Debord, 1978

- Shining, Stanley Kubrick, 1980

- Pulp Fiction, Quentin Tarantino, 1994

- Père et fille, Michael Dudok De Wit, 2000

- Les Jours où je n’existe pas, Jean-Charles Fitoussi, Aura été Productions, 2002